Peaufiner les dialogues

Les dialogues sont souvent employés pour donner de la vie, de la spontanéité à un récit, pour augmenter l’impression de réalité aussi. Utilisés à bon escient, les dialogues donnent du « punch » à certaines scènes et peuvent même servir de tremplin pour un nouveau bouleversement du récit.

Les dialogues réussis ont deux fonctions principales :

1. Faire avancer l’action
Si le dialogue mis en place n’apporte rien à l’intrigue, c’est qu’il est superflu. Le dialogue doit mettre à nu une nouvelle information importante pour la suite du récit, générer des conflits, permettre de traduire les états d’âme d’un personnage (surtout si cela a des conséquences pour la suite du récit), mettre en relief les relations entre les personnages (les unions, les conflits d’intérêt, les adversités, etc).

2. Caractériser les personnages
Les dialogues sont une mine d’informations sur les personnages. Ils nous apprennent par exemple quel est le niveau d’éducation de celui qui prend la parole, quelle est son origine culturelle, géographique ou ethnique, comment se définit son caractère, sa personnalité, quel est son état émotionnel sur le moment, quels sont ses rapports avec ses interlocuteurs, etc. Ainsi, le vocabulaire qu’emploie ce personnage, ses tournures grammaticales, un accent ou des expressions spéciales, le ton utilisé, sa gestuelle au cours de l’échange, sont autant d’indicateurs de son unicité.

L’erreur la plus commune et qui donne des maux de tête aux auteurs lorsque vient le moment de la réécriture, c’est lorsque les dialogues rédigés sont trop longs. Pourquoi avons-nous (presque) systématiquement tendance à écrire de longs dialogues?
1. Nous voulons tout expliquer, voire trop expliquer. Nous oublions parfois que le lecteur est un être raffiné, capable de percevoir les nuances et de comprendre les subtilités d’un récit sans que tout ne lui soit livré en toutes lettres.
2. Nous voulons « copier » la réalité. Effectivement, un récit se doit d’être vraisemblable, mais pas ennuyeux. Un récit se veut « comme » la réalité, mais il demeure inventé.

Quelques remèdes à cette situation fâcheuse?
1. S’il est possible d’introduire l’information véhiculée dans le dialogue par une action, vous aurez avantage à choisir cette deuxième option.
2. Ouvrez la scène le plus tard possible dans le dialogue sans escamoter l’information que vous désirez livrer, quitte à plonger le lecteur au milieu d’un dialogue entamé depuis longtemps entre vos personnages. Allez directement à l’essentiel de ce qu’ils ont à se dire.
3. Quittez la scène de dialogue de la même manière. Les adieux et les au revoir sont bien souvent sans importance pour votre intrigue.
4. Ne reproduisez pas chacune des répliques de vos personnages; certaines peuvent être sous-entendues dans une description ou une incise, des sauts dans la discussion peuvent être insérés avec doigté.
5. Ne sous-estimez pas les silences entre vos personnages. Ils en disent parfois aussi longs que les mots prononcés…

Bien entendu, ce ne sont pas là des règles rigides; il faut savoir adapter selon votre style propre, le rythme du récit et le contexte.

Karine

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